Moment... intéressant

La seule chose dont il était certain, c'était qu'il n'oublierait pas son nom. Jamais. Maeva. Il le prononça plusieurs fois dans sa tête, appréciant la façon dont il sonnait. Maeva, Maeva... C'était particulier comme prénom, et pourtant si beau. Il l'écouta parler, ensuite, du mal que certains gens faisaient, mais pas tous, de l'aubergiste... et de l'enfant qu'il élevait. Vraiment? Cet être, avec cette apparence, ce qu'il dégageait, était vraiment père? Surprenant. Il eut toutefois un rire cynique dès que Maeva évoqua le mal.

-Pas tout le monde qui fait le mal... Au contraire. Chacun à sa manière, tous font du mal, à la terre, aux autres, et j'en passe... Comme moi, j'ai...

Il ne finit pas sa phrase, ne voulant pas se souvenir de tout cela, mais il était déjà trop tard, ses souvenirs refaisaient surface. Son visage demeurait impassible, mais ses pensées se battaient, son coeur était chamboulé. Il se souvenait... Cette pauvre fillette. Il avait plongé une famille entière dans le deuil, à cause de cette damnée malédiction qui le hantait. Cette pauvre fillette de six ans... Si ce que Maeva avait dit était vrai, elle pourrait lire tout ceci dans son coeur, de toute façon. Toutefois, le guerrier préféra garder le silence. Ces souvenirs n'auraient jamais dû ressurgir.

Surtout pas en présence de quelqu'un qui pouvait tout savoir sur lui sans lever le petit doigt. Il essaya de ne plus penser à tout cela, mais le souvenir était bel et bien présent, et surtout tenace. Il s'accrochait à lui, l'odeur du sang refaisait son chemin, l'odeur de son crime odieux. Il n'en pouvait plus de s'en souvenir. Il avait envie de se prendre la tête à deux mains puis de crier, mais il se retenait. La culpabilité l'envahissait. Il voulait tant la voir partir, mais dans un sens, elle était toujours présente. Il était incapable de s'en débarrasser, seulement de la reléguer au plus profond de son être, et de l'oublier là.

Il essayait de trouver le sommeil, mais curieusement, il n'y arrivait même plus. Même s'il était dans un état d'épuisement total, rien à faire. Il restait les deux yeux grands ouverts. Tant pis. Imaru soupira avant d'étirer ses bras au maximum, puis les laissa tomber chaque côté de son corps. Quelques mots sortirent de sa bouche malgré lui.

-Je n'arrive pas à dormir. Stupide, non?

Dit-il d'un ton calme et détendu. Il se trouvait bête d'avoir dit cela, mais c'était seulement la vérité. Ne sachant pas quoi faire, quoi dire, il demeurait dans un mutisme total, mais ne défixait pas son regard d'émeraude des yeux de Maeva.

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-Pas tout le monde qui fait le mal... Au contraire. Chacun à sa manière, tous font du mal, à la terre, aux autres, et j'en passe... Comme moi, j'ai...

Il n'avait pas besoin de terminer sa phrase. Elle savait où il voulait en venir, elle savait... déjà, les images affluaient dans son esprit, la blessait comme si elle avait vraiment été présente. Elle pouvait entendre les cris de peur, le souffle saccadé de la victime. Elle pouvait voir ses yeux aggrandis par la surprise et la peur. Elle pouvait aussi entendre le hurlement intérieur du lycanthrope, ses supplications, ses pleurs silencieux.

*Une âme dérangée... voilà ce qu'il est. Malgré les apparences froides et distantes qu'il se donne, il est aussi faible qu'un être humain normal. Enfin, il ne faut pas trop en demander à des êtres comme cela. Je l'envie tout de même, pouvoir ressentir de telles émotions...* songea-t-elle doucement en détaillant les yeux d'Imaru.

Un petit sourire mélancolique étira les traits de la jeune vampire et elle se mit à parler à son tour, afin de lui faire comprendre qu'il n'arrivait pas des malheur qu'à lui sur cette terre:

"Être vampire... au tout début, on ne sait pas ce qu'il se passe vraiment. j'avais l'impression d'avoir été mortellement blessé et je souffrais atrocement. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait, mais la douleur était telle que j'en était pliée en deux. Mon sang bouillait dans mes veines. Il s'évaporait comme de l'eau. C'est le procédé qui fait que l'on devient vampire. Cela prend trois jours entier pour que la douleur s'assête. Durant ce temps, j'étais affamée. J'ai alors tenté de manger des fruits, mais j'avais toujours faim. Alors, le premier passant que j'ai vu, son coeur semblait battre uniquement pour moi. Je l'ai vidé de son sang, ainsi que sa femme et son fils. Je n'éprouve aucun remord..." termina-t-elle, son sourire perdant toute tristesse et devenant moqueur.

Elle chercha une réaction chez lui, s'attendant à le voir monter sur ses grands cheveux et à l'insulter. Elle imaginait déjà la scène du pieu enfoncé dans son coeur avec amusement.

-Je n'arrive pas à dormir. Stupide, non?

"Je ne dors jamais moi. En fait, je ne rêve jamais..."

C'était vrai, elle aimait bien parler de dormir, mais elle ne dormait plus comme lorsqu'elle était humaine. Elle fermait les yeux pour la journée et les rouvrait lorsque le soleil se couchait. Elle n'avait pas l'impression de s'être reposée, elle avait passé quelques heures dans un noir total, tout simplement.

Sans broncher, sachant de toute façon qu'elle savait exactement ce qui s'était produit tel que dans son souvenir, maintenant, il écouta ce qu'elle avait à lui dire, elle aussi. Maeva lui parla de sa transformation, il écoutait attentivement, même s'il n'en avait pas l'air. Il ne broncha même pas lorsqu'elle lui dit qu'elle avait tué une famille de trois. Qu'y pouvait-il, même s'il lui disait quoi que ce soit, s'il lui en voulait pour cela? C'était passé, et le passé devait le rester... Elle n'avait pas eu le choix, de toute façon. Le choix... C'est ce qui fait toute la différence. Vu comme cela, il ne s'en faisait pas trop avec cette histoire.

-Ah bon. Rêver... Il y a longtemps que ce ne m'est plus permis... On dirait. De réels rêves... Parcontre, les cauchemars, c'est une autre histoire. Parfois je me demande juste, pourquoi, et là je peux passer des heures à y réfléchir... mais c'est tout de même inutile. Je ne comprends jamais. Mais il n'y a peut-être tout simplement rien à comprendre.

Acheva-t-il en soupirant devant l'ineptie de ses paroles, cette fois. Quel en était le but, déjà? Il n'y en avait tout simplement pas. Il ne faisait aucun mouvement, attendant que la fatigue revienne le chercher. Sinon, que ferait-il toute la journée? Il n'avait pas envie de bouger loin de Maeva, sans comprendre pourquoi. Dans ce lit, dans cette chambre sombre, quel en était le but.. Il dit encore quelques paroles sans réel sens.

-Je te plains de ne pouvoir voir le soleil... Je ne sais pas si j'en serais capable. Après tout, c'est de lui que je tire une grande partie de mes pouvoirs...

Il évita d'allumer une flamme au bout de son doigt, histoire de ne pas gaffer. Le feu, le soleil en était fait, après tout, il pourrait la brûler sans le vouloir. Ce n'était pas pour rien qu'ils étaient dans une pièce sombre... Il méditait, les yeux mi-clos, espérant trouver le sommeil ou bien quelque chose à faire.

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-Ah bon. Rêver... Il y a longtemps que ce ne m'est plus permis... On dirait. De réels rêves... Parcontre, les cauchemars, c'est une autre histoire. Parfois je me demande juste, pourquoi, et là je peux passer des heures à y réfléchir... mais c'est tout de même inutile. Je ne comprends jamais. Mais il n'y a peut-être tout simplement rien à comprendre.

Il parlait de rêver... tous ces mots n'avaient aucun sens à ses yeux. La dernière fois qu'elle avait fait un vrai rêve datait de si longtemps. Elle ne s'en souvenait même plus. Comment est-ce qu'un rêve pouvait parraître réel? Elle n'en avait pas la moindre idée. Flou... un rêve était fait pour être flou et incompréhensible. Il fallait être idiot pour avoir l'impression d'être dans la réalité même lorsque l'on dort.

"Tu as raison, il n'y a vraiment rien à comprendre de tout cela." marmona-t-elle doucement, plus pour elle-même que pour Imaru.

Tout était si calme et agréable. Le coeur d'Imaru battait calmement maintenant. Son rythme était régulier, une danse en l'honneur de la vie qui l'habitait. Avait-il de la chance d'être toujours en vie? Ou bien était-ce elle qui avait de la chance? Elle n'était plus vivante, litéralement. Elle était morte depuis plus de trois ans. Un corps vide, mais pourtant à la peau chaude, vivante. Ses cheveux poussaient encore, son coeur battait pour du sang qui ne lui appartenait pas. Elle ne respirait plus, mais afin de ne pas attirer l'attention en temps normal, elle bougeait régulièrement sa poitrine.

En ce moment même, elle donnait l'image d'une statue de marbre. Personne ne pouvait avoir la chance, ou bien la malchance, de l'admirer dans ce noir. Elle était là, étendue sur le dos. Elle fixait Imaru droit dans les yeux, une mèche de cheveux blanc lui barrant le front. Elle ne mimait plus une respiration quelconque. La bouche entrouverte, l'éclat de ses dents blanches et sans crocs apparents brillait.

-Je te plains de ne pouvoir voir le soleil... Je ne sais pas si j'en serais capable. Après tout, c'est de lui que je tire une grande partie de mes pouvoirs...

Le soleil... est-ce qu'il lui manquait? Elle n'en avait aucune idée. Depuis toute petite, elle tirait son énergie de la terre. Il fallait dire qu'elle n'avait jamais vraiment appris à utiliser ses pouvoirs. Son père lui avait enseigné les bases, mais elle n'avait pas terminé sa formation. Elle n'aimait pas la lumière, les endroits trop éclairés. Un feu allumé lui apportait un réconfort simple, mais elle était très sensible à ses flammes. Ressentait-elle toujours la chaleur? Oh oui... encore plus intensément qu'un être humain le pouvait.

"Ça ne me manque pas. Je préfère voir la lune à chaque nuit. Je peux sentir sa caresse sur ma peau. La lune est pour moi mon soleil. Elle est douce et patiente, toujours en train de suivre les traces de son frère. Je la préfère, tout simplement."

Elle aimait sentir le froid sur son visage, sentir le vent nocturne souffler sur le duvet de ses bras. Elle avait alors l'impression d'être plus vivante que quiconque. Durant ces moments, seulement...

La seule chose qu'il fit fut d'acquiescer lentement, peu perceptible avec la tête sur un oreiller, mais juste assez. Il n'avait plus vraiment grand chose à dire pour le moment. Il écoutait les bruits environnants, son ouïe étant surdéveloppée, il entendait les plus petits sons aux environs. Il capta une conversation qui l'intéressait... L'aubergiste discutait avec quelqu'un. Même d'ici il arrivait à tout entendre. Les mots compris l'alertèrent. Il parlait de deux étrangers non désirés, de les chasser... Imaru comprit aussitôt qu'ils parlaient d'eux. Le Daichien qui était avec l'aubergiste accepta sa demande, et partit dans la direction opposée. Imaru se releva rapidement, et mit aussitôt la garde sur la main de son épée.

-On va avoir des ennuis.

Dit-il subitement. Il entendait déjà des pas de course en direction de leur chambre. Ils devraient mener le combat pour sortir d'ici. Génial. En fait, pouvaient-ils sortir? Non... Il faisait encore jour et c'était impensable pour Maeva. Elle mourrait tout simplement. Seulement, ils ne pourraient pas contenir tous les guerriers de la cité à eux seuls. Et en plus, Imaru ne pourrait même pas faire appel à ses pouvoirs. Ils blesseraient ou feraient peut-être faiblir Maeva. Il ignorait si elle savait se battre, mais elle était rapide, il avait pu le constater, et savait qu'elle pourrait s'en sortir de cette manière. Imaru barricada la porte avec quelques meubles présents pour tenter de ralentir leurs ennemis. Le barrage lui laissa quelques minutes pour se préparer.

Il dégaina son épée, une magnifique lame qui, en temps normal, brillait de mille feux en reflétant la lumière. Forgée spécialement, elle pouvait résister au feu, minimalement, alors il pouvait l'enflammer pour l'aider à se battre. Il y avait quelques rubis incrustés dans la hampe, simple décoration, mais qui apportait une certaine beauté à l'arme. Dans la famille, ç'avait été un héritage transmis depuis très longtemps. Comme il avait été initié au combat très tôt, il avait reçu cette arme après qu'il ait prouvé sa valeur. En position de combat, il entendait les ennemis tenter de défoncer la porte. Dans un vacarme infernal, ils entrèrent finalement.

-C'est parti...

Dit le jeune guerrier avec un ton tout sauf indifférent, cette fois. La perspective du combat l'enflammait carrément, il oubliait tout sauf qu'il devait tous les exterminer. Cette rage guerrière lui était propre. Il était extrêmement puissant dans ces temps là. En fait, il puisait dans la force de sa malédiction pour réussir à accomplir ce genre de choses. Avec le temps, il réussissait à maîtriser le pouvoir de la bête. Imaru savait qu'il était différent, car, en temps normal, ce genre de choses était impossible pour un lycanthrope ordinaire. Il ne pourrait pas contenir toute cette horde à lui seul, il devait être plus fort, plus rapide.

Fermant ses yeux vert émeraude, il établit le contact, comme il disait. Il parlait à la bête en lui, par la pensée. Elle lui répondait... Il lui demandait sa force, et Imaru finissait toujours, en employant sa force et sa volonté, par convaincre le loup. Il ouvrit les yeux, et ils n'étaient plus les mêmes. Deux pupilles verticales et jaunes. Ses dents avaient allongé, il avait des griffes aux mains. Mais cette fois c'était différent. Il était en contrôle... Avec ce regard de mort, il fonça vers son premier ennemi.

Avec précision, il détruit complètement l'arme de son premier opposant, avant de lui enfoncer l'épée dans le coeur jusqu'à la garde, et de foncer vers les autres tandis que sa première victime tombait. Il regrettait de devoir tuer, mais ne pouvait pas faire autrement, et le combat faisait circuler l'adrénaline dans son corps. Il tuait toujours ses ennemis, était impitoyable envers eux, ayant durci son coeur à la longue. Il continuait de trancher dans les soldats qui n'arrêtaient pas d'affluer. Un moment, il se fit désarmer, mais cela ne l'arrêta pas pour autant.

Il frappait dans les Daichiens à grands coups de griffes, les abattant les uns après les autres. Toutefois, il fut rapidement encerclé, et commençait à avoir de la difficulté à tous les contenir. Maeva pourrait peut-être l'aider... Il continua de lutter sauvagement en attendant un coup de main de sa part. Ils s'amusaient de l'avoir désarmé... Seulement ils le regrettaient maintenant, car rien n'avait changé...

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-On va avoir des ennuis.

Sourire amusé. Ce fut la seule réaction qu'elle laissa parraître sur son visage de porcelaine. Les yeux maintenant fermés, elle vit en pensée Imaru se lever et barricader la porte. Elle ne bougea toujours pas, profitant de ses derniers moments de calme. Elle savait qu'elle allait bientôt devoir se lever, mais l'idée la répugnait. Un autre combat s'annonçait. Qui pouvaient-ils être? Logiquement, ce devait être des Daichis puisqu'ils étaient dans leur territoire. Était-il possible que quelqu'un les ait vu sur la montagne tout à l'heure? Cela s'annonçait plutôt mal, Maeva ne voyait pas comment elle pourrait s'en sortir s'ils devaient combattre. Dénudée de tout talent en la matière, elle était bonne uniquement pour fuir.

Malheureusement, elle ne pouvait pas fuir. Le jour s'était maintenant levé et les rayons meurtriers du soleil attendaient justement qu'elle sorte de sa cachette. Elle allait mourir brûlée vive si elle sortait à l'extérieur. La seule solution était de rester sous terre, mais cela voulait en même temps dire qu'ils étaient coincés dans un cul-de-sac. Tout cela était d'un tel ennui...

Elle put entendre Imaru dégainer son épée. Elle entrouvit les yeux afin de l'appecevoir et un sifflement d'admiration lui échappa. D'une voix plutôt légerte vu la situation, elle dit:

"Waouh! Ça doit trancher une gorge bien net tout ça..."

Elle n'attendit pas de réponse de sa part. Un craquement sonore se fit entendre et la porte vola en morceaux, entrainant les meubles dans l'explosion. Un morceau frappa le lit de plein fouet, empaillant du même coup... le vide. Maeva, maintenant cachée dans le fond de la pièce, ferma les yeux une nouvelle fois. Elle ne voulait pas se faire remarquer immédiatement. Ses yeux rouges ne feraient que lui apporter des ennuis. Même sans sa vision, elle pouvait entendre le combat dans tous ses détails.

Une douce odeur métalique monta aux narines de la jeune femme et ses canines acérées s'allongèrent sans qu'elle le veuille vraiment. Agacée, elle se pinça le nez de bout des doigts et attendit encore quelques minutes que Imaru en ai tué le plus possible. Son instinct vampire semblait vouloir prendre le dessus. Elle était parfaitement capable de le contrôler, mais elle avait faim maintenant. Il ne fallait pas oublier qu'elle n'avait pas bu tout le sang du lycanthrope, mais bien le stict minimum.

Le bruit d'une arme tombant à terre l'alerta qu'Imaru était dans une situation délicate. Sans savoir pourquoi, elle avait immédiatement reconnu son arme et sa demande d'aide. Sans doute était-ce le fait qu'ils étaient lié depuis qu'elle avait bu son sang. Elle ne voulait pas vraiment se mêler à tout ça, mais elle finit enfin par ouvrir les yeux. Aussitôt, un homme cria et pointa une arme dans sa direction. Elle lui sourit le plus gentiment qu'un vampire pouvait le faire, dévoilant ainsi un visage aux yeux rouges et aux dents d'un blanc pur.

L'homme s'avança vers elle... quelle lenteur! Il ne fit qu'un pas qu'il se retrouva immédiatement par terre, assomé. Son corps tomba et lorsqu'il eut touché le sol, trois autres étaient déjà inconscient. Même si la vampire ne savait pas se battre, sa vitesse et sa force rendait ses coups de poing dans l'estomac infaillible. Plutôt barbare comme pratique, mais la seule qu'elle connaissait.

Lorsqu'elle ne vit plus personne lui bloquand le passage, elle sortit de la chambre et pénétra dans le couloir où était coincé le lycanthrope. Une main dans les cheveux et un sourire agacé étirant ses lèvres, elle demanda:

"Tu peux me dire comment t'as fait pour te retrouver hors du la chambre en si peu de temps? J'veux dire, on dirait que t'as d'la misère à les retenir..."

Les hommes qui entouraient Imaru se retournèrent afin de voir l'intruse. Des sourires pervers étirèrent leurs lèvres et l'un d'entre eux s'avança vers elle avec convoitise.

"Woh là!" s'exclama-t-elle en reculant d'un pas devant la témérité de l'homme.

"N'y va pas Conor! N'oublies pas que c'est un vampire!" s'exclama l'un des hommes.

Conor ne l'écouta pas et continua d'avancer vers elle. Elle haussa les épaules avec agacement et disparu durant quelques secondes pour finalement réaparaître au même endroit, le corps de l'homme s'effondra sur le sol dans un bruit mat.

"En temps normal, j'aime mieux que l'on dise une vampire. Je sais bien que ce mot n'existe pas, mais c'est toujours mieux d'inno..."

Sa phrase s'acheva dans un râle de douleur et elle porta ses mains à son ventre tout en se pliant en deux. Une grimace de douleur étira ses beaux traits et une goutte de sang perla à ses lèvres. De la fumée s'échappait de son ventre, lui brûlant les organes à une vitesse effroyable. Elle retira l'arme, se brûlant par la même occasion la main, et disparu. Une longue dague argentée tomba sur le sol, tâchée de sang. Lentement, une main gantée apparut et prit l'arme entre ses doigts.

Maeva réaparut près de l'arme d'Imaru. Elle se pencha douloureusement et la lui lança avec une telle force que seul un être tel que lui pouvait la ratrapper. Si l'un des hommes mettait un bras dans sa trajectoire afin de la rattraper, son bras arracherait net.

"Bordel c'est quoi ce truc!" s'exclama-t-elle en pointant son doigt ensanglanté vers l'homme qui venait de la poignarder.

*Il n'est pas humain! Je ne... je n'arrive pas à... à sentir sa présence! Il n'a ni odeur ni aura. Ce n'est pas un lycanthrope ni un vampire. Ce gars... il est quoi au juste? Ah moins que...*

"Oni..." cracha-t-elle en se redressant, une main toujours contre sa plaie brûlante.

Jamais elle n'aurait cru rencontrer ce genre d'être sur terre. Le démon étira ses lèvres dans un sourire amusé et pora la dague à ses lèvres. Instantanément, les yeux de la vampire exprimèrent une peur profonde et elle se jeta sur lui. Oublié toute trace de contrôle chez elle. Aussi rapide qu'à son habitude, elle parvint à prendre la dague des doigts du démon et à la jeter au loin, quitte à se brûler à nouveau la main...

*Il ne faut pas qu'il boive mon sang!*

"Alors, tu l'as ton arme?" lança-t-elle à l'adresse d'Imaru, gardant toujours un oeil vers le démon.

Imaru ignora le commentaire cynique de la jeune vampire, puis reconcentra son attention sur ses ennemis. Il la trouvait vraiment agaçante par moments, mais n'avait pas trop le choix de vivre avec pour l'instant. Il avait besoin d'un coup de main de toute façon, alors... Imaru regarda autour de lui, il avait toujours autant d'ennuis. Ses dents de loup luisaient dans le noir, lui conférant un air peu rassurant. Il grognait vers le reste des ennemis, comme un animal sauvage pris en cage.

Un homme avança vers Maeva, mais il n'alla pas très loin avant de s'effondrer sur le sol. Imaru avait vu la rapidité impressionnante de la vampire, c'était vraiment un atout incroyable. Il la suivait quand même, mais avec difficulté. Heureusement que ses sens étaient plus aiguisés. Il se fiait plus à son écoute et son odorat pour repérer quelqu'un. Il observait, prêt à bouger dès qu'il se passerait quelque chose.

Son instinct animal était éveillé à cause de tout le sang qu'il avait répandu. Il se demandait si leur chair était bonne au goût... Imaru se calma, ce n'était pas le temps de faire ce genre de choses, même s'il imaginait ses crocs s'enfoncer dans le corps d'un des hommes présents. C'était lassant, le combat semblait avoir cessé. Il avait envie d'avoir encore plus d'action, de bouger, de combattre, de les dépecer, de leur arracher le coeur avant de l'avaler... Il fut contraint de calmer ses instincts sauvages à nouveau.

Il fut en alerte dès que la phrase de Maeva ne se termina pas. Il la regarda pliée en deux, et ses yeux brillèrent sauvagement dès cet instant. Il sentait sa force s'écouler en lui, non, pas sa force, la force du loup, comme un poison douceâtre qui lui donnait l'impression de pouvoir tout faire... Mais il devait être prudent. Il ne sentait même pas sa présence, d'aucune manière. Il pouvait seulement l'entendre bouger. Il aurait besoin de son arme pour lutter contre lui, mais c'était trop risqué de s'exposer pour le moment...

Il remarqua toutefois que Maeva venait de disparaître, et sût aussitôt ce qu'elle allait faire. Il entendit le sifflement de sa lame qui fendait l'air, et l'attrapa au vol le plus naturellement du monde, ne bronchant même pas sous la force du lancer, et n'ayant même pas regardé dans sa direction. Imaru avait aussi remarqué la dague en argent que l'homme avait employé. Seulement, il cessait de le prendre pour un homme dès que la jeune femme murmura un seul mot. Oni... C'était un démon! Il l'entendit dire qu'il n'avait aucune odeur, et put le constater par lui même. C'était vrai, rien du tout. C'était assez déconcertant. Puis, une voix résonna dans sa tête. Il fut surpris au début, mais reconnut la voix de la vampire.

C'était donc ce qu'elle voulait dire, à cause de son sang et tout... Pour le moment, cela leur avait servi. Dans un combat, quoi de mieux que la communication dans des moments difficiles... Discret et efficace, de plus. Il acquiesça, tout en gardant son attention sur le démon. Son arme bien en main, il ne le craignait pas.

L'épée était magnifique en elle même. La lame était constituée d'une flamme crystallisée par un procédé qui lui était toutefois inconnu. Il pouvait manipuler la flamme pour qu'elle devienne carrément vivante, comme manier une épée non pas enflammée, pas comme il le faisait parfois, mais une épée avec une flamme comme lame elle même... C'était ce qui faisait la beauté même de l'arme. Cette propriété était très rare, voire unique. Il fut surpris un moment, lorsque le démon disparut sans qu'il ne puisse s'en rendre compte.

Il ne paniqua pas, toutefois, et comprit qu'il était aussi rapide que Maeva. Il devait l'empêcher de toucher à son sang. Il ne savait pas pourquoi, mais devait éviter la chose. Comprenant que son regard ne lui servait à rien, il ferma les yeux, se concentrant sur son ouïe uniquement. Il ne pourrait jamais être aussi rapide que lui, pas à la course, en tout cas.

Il lui fallait seulement de la précision. Il entendit un sifflement dans l'air, et sut ce qui se dirigeait vers lui. Cinq dagues en argent lancées avec force. Il n'avait pas le choix de s'en débarasser. Pour cela, il devrait utiliser des flammes pour les faire fondre carrément... Alors, il avertit Maeva de se cacher des flammes qui allaient peut-être passer près d'elle. Sans un regard, un mouvement, son épée s'enflamma. Il lança une rafale de flammes en effectuant un arc de cercle avec.

Les dagues fondirent bien avant de l'atteindre, et le feu se dissipa dans l'air. Il se sentait désolé pour Maeva, qui avait dû ressentir quelque chose tout de même, mais bon. Il devait se servir de toutes ces forces pour avoir ce démon. Il fallait qu'il reste à l'écoute. Un mouvement dans l'air à sa gauche... Cette fois, c'était plus imposant qu'une dague.

Les yeux toujours fermés, il pivota vers la gauche et frappa à l'endroit exact où le démon s'était trouvé. Son coup porta dans le vide, ce qui ne lui permit pas d'entendre le déplacement de la créature, qui réussit à l'atteindre d'une dague à l'épaule. L'argent le brûlait autant que Maeva, pourtant il ne grimaça pas et retira la dague, ce qui lui brûla également la main. Il ne s'en fit pas, il guérirait. Lentement, mais un jour. Toutefois, Imaru sentait qu'il aurait de la difficulté à rivaliser avec le démon. Maeva, blessée comme elle était, ne devait pas se déplacer pour l'instant. Imaru était beaucoup trop lent pour le moment...

Il avait rétracté ses griffes et ses crocs, ses yeux avaient retrouvé leur forme et couleur normale. Il devait se concentrer sur son ouïe, sa rapidité et sa précision, sa force ne comptait plus pour le moment. Il pensa à une stratégie...

C'était plutôt dangereux, presque suicidaire, mais autrement, il ne pourrait pas toucher le démon. Il devait endurer la douleur. Le jeune homme laissa son épée reprendre sa forme originelle, et la clarté du couloir diminua. Il n'avait pas assez de place, ici... Ça y était. Imaru entendit le démon foncer vers lui, le croyant vulnérable et croyant qu'il ne l'avait pas entendu venir. Dès que la dague s'enfonça dans la chair de sa poitrine, il tenta de ne pas broncher, malgré sa difficulté à respirer. Elle n'avait pas rentré très profondément, aucun organe n'avait été toucher, seulement sa peau lui brûlait. Il regarda le démon dans les yeux avec un sourire carnassier. Il était vraiment en colère car il l'avait blessé, et avait fait du mal à Maeva.

Pourquoi cela le fâchait-il, il l'ignorait... Mais ce monstre allait payer. Un cri de rage s'échappa d'Imaru, glaçant le sang de la créature devant lui. Il vit la terreur dans ses yeux tandis que le loup réapparaissant sur lui. Ses crocs, ses yeux, ses griffes sur la main qui broyait littéralement les os du bras qu'elle tenait.

Il sourit, ayant juste de la cruauté sur le visage. Sa colère lui faisait oublier tout le reste. Son corps entier s'enflamma tandis qu'il criait encore. Non, il ne criait plus... Il n'y avait plus qu'un regard calme et froid sur son visage. Il fixait toujours le démon.

-Retourne d'où tu viens... Brûle... Brûle avec moi... Que tous tes crimes soient purgés par le feu...

Les flammes qui entouraient son corps s'étirèrent jusqu'au bras du démon, qui s'enflamma lui aussi. Il essayait de s'échapper, mais Imaru le tenait fermement. Son corps prit aussitôt entièrement en feu, sans qu'il ne puisse rien faire. On entendait seulement ses cris d'agonie résonner dans le couloir, mais le guerrier de Shiro ne bronchait pas. Il regarda son ennemi brûler jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des cendres. Encore en colère, et cherchant à s'en débarrasser, il projeta de toutes ses forces les flammes qui l'entouraient, en milliers de projectiles.

Les hommes de Daichi restant furent carrément carbonisés sous ce déluge de feu. Imaru se calmant finalement, son corps, qui s'était enflammé de lui même, s'éteignit, et ses mains, ses yeux et ses dents reprirent à nouveau une forme normale. Ayant dépensé en grande partie son énergie pour créer ce déluge incontrôlable de flammes, Imaru mit un genou à terre, épuisé. Que faisaient-ils, maintenant? Ils ne pouvaient toujours pas sortir... Il s'informa de l'était de Maeva.

-Désolé pour le feu... Mais... est-ce que ça va?

Il était fatigué, mais pourrait encore se battre s'il le désirait. Rien ne l'empêchait de mener un combat, et rien ne l'en empêcherait jamais. Il avait trop de détermination et de volonté pour abandonner un combat, et une personne qu'il désirait protéger.

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Il était vraie que Maeva était une plaie lorsqu'elle le désirait. Ses commentaires n'étaient jamais vraiment utiles en temps normal et elle le savait pertinement. Néanmoins, cela faisait partit de sa personnalité et elle adorait parler pour rien dire. En ce moment même, elle aurait bien voulu dire quelque chose, mais aucune phrase ne lui venait à l'esprit. Seule la douleur lanscinante dans son ventre l'engourdissait de toute part. Elle souffrait énormément, pas autant que lorsqu'elle était devenue immortelle. Le sang du loup-garou qui était en elle coulait à flot entre ses mains. Elle allait devoir boire à nouveau du sang si elle ne voulait pas mourir dans les minutes qui suivraient.

Il était vrai que son lien avec Imaru était très avantageux. Ils ne pouvaient pas communiquer à volonté et il avait beaucoup plus accès à son esprit que elle au sien, mais c'était utile. D'ailleurs, n'avait-il pas justement comprit son cri intérieur lorsqu'elle avait dit qu'il ne fallait pas qu'il boive son sang? Elle ne pensait pas qu'il l'entendrait, mais elle l'espérait profondément.

Maintenant qu'il était en possession de son épée, tout retombait sur ses épaules. Complètement hors service, Maeva lui fit un sourire qu'elle puisa on ne sait trop où malgré sa blessure.

"Courage... mais j'veux pas te ramasser à la p'tite cuillère hein!"

Elle fixa l'épée qui sembla se transformer en quelque chose... de différent. Incapable de définir ce qui constituait cette arme, elle se contenta de froncer les sourcils avec curiosité. En ce moment même, elle n'avait même pas envie de fuir, alors qu'elle en aurait sans doute été capable. Pourtant, l'idée d'abandonner Imaru en ce lieu alors qu'il se battait au péril de sa vie... la dérangeait. Elle ne comprenait pas pourquoi, ce n'était qu'un homme comme tant d'autres, ou presque. Était-ce ce lien qui faisait en sorte qu'elle ne pouvait pas partir? Non, impossible, elle avait toujours laissé ses victimes sans la moindre hésitation par le passé. Il devait y avoir une explication logique dans tout cela...

Elle sortit brusquement de ses pensées lorsque cinq daques furent lancées. Le regard vif et précis, elle les fixa immédiatement, attendant une réaction de la part d'Imaru. Sans savoir pourquoi, elle eut peur pour lui, mais cela ne dura que quelques secondes. Elle se couvrit immédiatement sous sa cape lorsqu'il lui lança un avertissement, mais pas suffisament. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il utilise du feu et n'avait pas caché ses yeux sous le tissus. Un éclair aveuglant l'atteignit et elle ferma les paupière avec retard.

*Shit!*

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, tout lui sembla flou. Heureuse de ne pas être aveugle, l'envie de l'engueuler lui passa à l'esprit. Elle était furieuse qu'il ne lui ait pas dit qu'il allait utiliser du feu. Savait-il seulement à quel point elle était sensible à la lumière du feu? Ce n'était pas son corps qui avait souffert, mais bien ses yeux. Maintenant, les couleurs étaient troubles, indistinctes. Elle parvenait avec peine à différencier Imaru de ce qui l'entourait.

Agacée, elle referma les yeux. Ils n'étaient plus utiles pour le moment. Il allait falloir qu'elle leur laisse le temps de récupérer. Heureusement qu'en tant que vampire, son corps ne gardait pas longtemps de séquelles. Maintenant dans le noir total, elle imagina ce qu'il se passait devant elle. C'était beaucoup mieux que les yeux ouverts.

Elle resserra sa cape autour d'elle, un bras contre son ventre dont la blessure saignait beaucoup trop. Une odeur de sang autre que la sienne lui monta aux narines et elle reconnut celle d'Imaru. La peur lui serra la poitrine et elle se mordit la lèvre afin de s'empêcher d'hurler son nom. Ce n'était pas grave, une blessure, comme tant d'autre. Même s'il devait mourir, où était le problème? Pourquoi était-elle aussi inquiète? Pourquoi est-ce que le sort de cet personne la prenait autant?

Un homme se dirigea par derrière vers elle. Même aveugle et presque vidée de son sang, elle le sentit approcher. Toujours enveloppée dans sa cape, elle attendit qu'il soit suffisament près et qu'il la touche. Dès que le bras de l'homme la frôla, elle mordit dans sa main avec une telle puissance qu'il hurla de douleur et voulut retirer sa main, sans succès. Elle se mit à boire à une vitesse affolante. L'homme, en proie à un plaisir et à une douleur extrême, se mit à geindre et tomba à genoux, incapable de se débattre. Personne ne pensa à venir l'aider et c'était mieux ainsi. Maeva se délecta de son repas impsovisé, mais elle n'eut pas le choix d'arrêter de boire lorsque le coeur de l'homme s'arrêta de battre. Elle l'avait vidé de son sang.

Maintenant capable de survivre encore quelques heures, elle se concentra sur sa blessure afin d'arrêter l'hémoragie. À peine commença-t-elle qu'elle fut dérangé par un cri qui lui donna des frissons. Imaru. Imaru hurlait. Était-il blessé? Était-ce grave? Pourquoi hurlait-il ainsi? Elle avait peur, le démon l'avait sans doute mortellement blessé et il allait mourir. Par la suite, ce serait son tour...

"I-Imaru..." bredouilla-t-elle en rouvrant les yeux et en regardant dans la direction du cri.

Mauvaise idée, très mauvaise. Un flash encore plus puissant que tout à l'heure l'agressa et elle dut refermer les yeux, non sans avoir eu le temps de voir ce qu'il se passait. Le nerf optique maintenant grillé pour les prochaines heures qui allaient suivre, elle se promit de le frapper jusqu'à ce qu'il creuve tant elle était furieuse.

-Retourne d'où tu viens... Brûle... Brûle avec moi... Que tous tes crimes soient purgés par le feu...

"Beaucoup trop théâtral à mon goût..." râla-t-elle en se recroquevillant un peu plus.

Elle put entendre des boules de feu voler un peu partout autour d'elle. Terrorisée à l'idée d'être atteinte, elle ne bougea pas d'un pouce. Mais qu'est-ce qui lui prenait de faire ça tout d'un coup? Se rendait-il seulement compte qu'une boule de feu pouvait dévier n'importe quand et... ah merde! Une odeur de chair brûlée lui monta aux narines, ainsi que de cheveux. Lorsque l'averse de flammes fut terminée, elle porta une main à ses cheveux et s'assura qu'ils étaient indemne. Enfin, elle laissa retomber la cape de ses épaules.

-Désolé pour le feu... Mais... est-ce que ça va?

"Je suis aveugle." répondit-elle avec cynisme.

Elle se leva et s'avança vers Imaru d'un pas tremblant. Heureusement, elle se fia à son odorat et se retrouva rapidement à côté de lui. Elle se laissa à son tour tomber sur les genoux et se mit à tâter la blessure à l'épaule du lycanthrope. Râleuse, elle déchira le tissus déjà en piteux état et commenta:

"Maintenant que t'as grillé tout le monde, j'ai rien à bouffer moi. Pas question que je bois ton sang, t'es dans un état pire que le mien."

Elle disait cela plus pour s'encourager elle-même vu sa blessure et la quantité de sang qu'elle avait perdu. Elle savait qu'Imaru était aussi blessé à la poitrine, mais la blessure n'était pas profonde, ni mortelle.

Toujours en train de vérifier son épaule, elle se pencha et posa ses lèvres contre la plaie. Elle aspira un peu de sang, puis le recracha sur le sol avec dégoût. Elle n'attendit même pas qu'il dise quoi que se soit qu'elle approcha son visage de sa blessure à la poitrine et fit la même chose. Enfin, elle essuya sa bouche et rouvrit les yeux dont l'éclat était maintenant mort. Il allait falloir plusieurs heures avant qu'elle retrouve la vue.

Elle était faible, avait mal... elle s'était dépêché de retirer la poudre d'argent qui avait bien pu s'infiltrer dans ses plaies avant qu'il ne soit trop tard. Si elle ne l'avait pas fait, son orgasnisme aurait sans doute été empoisoné et il aurait passé plusieurs jours dans un état semi-comateux.

Il se mit à se sentir coupable lorsque Maeva lui annonça qu'elle était aveugle, il n'avait pas voulu ça... Elle était donc si sensible que ça à toute forme de lumière? C'était une véritable plaie. Il commençait à en avoir un peu assez de l'entendre râler, il venait de se battre et de risquer sa vie, seul, contre un assez grand nombre de guerriers, pour sauver la vie à une personne qu'il connaissait à peine et qui était censée le tuer, de toute façon, alors... Il n'y comprenait vraiment plus rien. Mais bon, le combat était terminé, ils étaient en vie, au moins. Blessés, mais en vie. Il fixa la plaie au ventre de Maeva, et sentit encore la rage bouillonner dans ses veines.

Toutefois, il n'avait plus personne sur qui se défouler. Il devait se calmer un peu. S'il aurait su maîtriser sa colère un peu mieux, même si elle lui donnait de la force, il aurait pu éviter de rendre la jeune femme aveugle. Il l'avait entendue murmurer son nom, et le guerrier faillit, l'espace d'un instant, imaginer qu'elle s'inquiétait pour lui. Ridicule! Elle n'avait aucune raison de le faire, et lui non plus, d'ailleurs. Il lui avait seulement rendu la monnaie de sa pièce puisque, grâce à elle, il avait pu passer une nuit de pleine lune enfin calme. Mis à part tout ça...

Il ne lui devait rien. Pour un moment, il fixa ses yeux, qui étaient maintenant morts à cause de lui. Quel imbécile avait-il été. Mais bon, c'était du passé maintenant, ce combat était terminé. Ils devaient partir. Pour Maeva, il ne savait pas comment elle se débrouillerait, mais elle n'avait pas le choix.

-Bon, moi je m'en vais. Nos chemins se séparent ici... Pour toi, hé bah... trouve toi un abri pour la journée, moi j'ai autre chose à faire... Je rentre à Shiro. Passe une bonne journée, et attention aux coups de soleil...

Dit-il d'un ton à la fois ironique et moqueur. Imaru dût toutefois se retenir de ne pas lui dire de faire attention à elle, ce qui serait une preuve de faiblesse, puisqu'il se soucierait quelque peu de son sort. Seulement, cette fois, l'indécision était apparue sur son visage. Ses vieilles habitudes prirent toutefois le dessus. Ne pas s'attacher, on devient faibles, sinon... Il appuya son épée sur son épaule, et se mit à marcher vers la sortie. Il devait s'éloigner d'ici le plus rapidement possible, avant que d'autres soldats ne les rejoignent. Il se sentait un peu mal de la laisser derrière... Et pourquoi donc? Il s'était battu pour elle, uniquement pour elle, il avait envie d'être seul, maintenant, après l'avoir endurée toute une nuit, même plus. Imaru passa devant le regard ahuri de l'aubergiste, qui allait sonner l'alarme une fois de plus, jusqu'à ce qu'Imaru le fixe avec son regard le plus cruel, et que ses pupilles se rétrécissent en deux fentes verticales. L'homme ne dit plus rien, terrorrisé à l'idée de mourir ici.

Imaru descendit toute la montagne, avant de reprendre la direction de Shiro. Il laissait le soleil le réchauffer, refaire ses forces. Il referma ses blessures en faisant fondre la chair et les tissus autour. Cette journée avait vraiment été une des pires qu'il avait connues. Il avait même envie de retourner là bas et de rester près de la vampire. Quelle idée stupide... Il n'avait besoin de personne dans sa vie, d'aucune aide... Tout allait bien quand il était seul, pas question de s'encombrer de gens autour de lui. Après plusieurs heures qui passèrent très lentement, il vit enfin la blancheur éclatante de Shiro dans toute sa splendeur, éclairée par les puissants rayons du soleil.

Peu de temps après, ignorant les gens qui lui jetaient des regards ébahis en voyant le piètre état de ses vêtements, il s'enferma chez lui et tira tous les rideaux, comme à son habitude. Il n'avait pas envie que l'on voie ce qu'il faisait, les gens épiaient, parfois, et il détestait ceux qui faisaient cela. Tous des imbéciles, incapables de se contenter de leur propre vie. En plus, ils devaient connaître celle des autres. Carrément pitoyable. Il enleva les loques qui lui couvraient à peine le corps, et trouva d'autres vêtements dans son débarras, qui étaient à peu près identiques, à quelques différences près. Sa maison était vraiment petite, mais il s'en accomodait. Habitué à une vie solitaire, il n'avait pas besoin de grand chose.

Imaru déposa son épée dans un coffre qui lui était réservée, avant de se laisser choir sur son lit. Il ne pensait à rien... ou voulait se faire croire qu'il ne pensait à rien. En fait, il se sentait coupable d'avoir laissé Maeva là bas, mais savait que le sentiment passerait bientôt. Ce n'était qu'une question de minutes, d'heures, de jours... Comme d'habitude, il finirait par oublier cet épisode de sa vie. En soupirant, le jeune guerrier ferma les yeux, pensant encore, bien malgré lui, au nom de celle qu'il avait laissé là bas, à Daichi. Maeva... Maeva... Ce prénom lui tournait dans la tête, et pour quoi faire? Ça n'avait aucun but, mais pourtant il était bel et bien là. La tête emplie de ce nom, il finit par s'endormir...

Nombre de messages : 38 cité : Daichi Date d'inscription : 17/01/2008

[Topic terminé, à suivre]